Que s’est-il passé autour du camp de concentration du Vernet d’Ariège en 2019 ?
D’abord les bonnes nouvelles
Tout d’abord, 108 personnes & 2 associations ont adhéré à notre Amicale en 2019. Merci pour ce soutien ! Je vous communique d’ores & déjà la date de notre prochaine assemblée générale qui aura lieu le samedi 16 mai 2020 à 15 heures dans la salle attenante au musée. Une visite guidée sera organisée à 18 heures dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées & à 20 heures nous nous retrouverons pour notre Auberge Espagnole Républicaine.
Notre travail en cette année 2019 a été intense, mais que de satisfactions. Un grand merci à toutes les personnes qui nous ont aidés & aux collectivités qui nous ont accueillis. Nous avons présenté notre exposition de dessins réalisés par des artistes pendant leur internement dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège &/ou notre exposition pédagogique dans différentes villes : Pamiers, Le Vernet d’Ariège, Mazères, Saverdun en Ariège & Fonsorbes, Ayguesvives en Haute-Garonne. Des conférences ont été données, des films projetés, des artistes se sont également exprimés dans ces villes.
Le 30 juin, pour les 75 ans de la fermeture du camp de concentration du Vernet d’Ariège, nous avons inauguré l’Espace Gare-Wagon. Nous y avons aussi dévoilé une plaque dédiée aux Républicaines Espagnoles/Républicains Espagnols en partenariat avec l’Amicale des Anciens Guérilleros en France –Forces Françaises de l’Intérieur- . Elle a rejoint sur une structure symbolisant une baraque, les 3 autres existantes : une pour les personnes juives déportées, une autre pour les déportés vers le camp de concentration de Djelfa en Algérie & une dernière pour les déportées/déportés du Train Fantôme.
Un remerciement particulier aux personnes qui nous ont donné ou prêté les dessins de ces artistes dont voici les noms & nationalités : Miguel Cañizares, espagnol, Giuseppe Capone, italien, Carlos Duchatellier, haïtien, Celestino Ferrando Martí, espagnol, Igor Jasinski, russe, Paul Pitoume, russe, Thomas Sarti, italien, Joseph Soos, hongrois.
Nous avons sorti la deuxième édition du livre de Bruno Frei, Les Hommes du Vernet. Cette édition est enrichie d’un carnet de dessins en couleurs que les internés lui ont offert lors de son départ. Vous pouvez soit commander cet ouvrage via notre site Internet www.campduvernet.eu soit chez votre libraire.
Notre travail de recherches aux Archives départementales de l’Ariège s’est aussi poursuivi afin de compléter deux listes :
· la première correspond à la période de février à septembre 1939 où se sont les Républicaines Espagnoles/Républicains Espagnols qui sont internées/internés. Nous avons identifié 12 000 personnes.
· la deuxième recouvre la période d’octobre 1939 au 30 juin 1944 qui concerne les indésirables étrangers. Nous avons relevé l’identité de 14 000 personnes.
Pour être le plus exhaustif possible nous avons sollicité d’autres Archives Départementales qui ont répondu avec beaucoup d’attention & d’intérêt pour notre travail : Alpes-Maritimes, Aude, Cher, Haute-Garonne, Hérault, Landes, Pyrénées- Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Bas-Rhin, Saône-et-Loire, Tarn-et-Garonne. Nous avons ainsi, grâce à ces nouvelles données pu enrichir nos listes. Nous avons également travaillé avec les Archives Nationales de Pierrefitte-sur-Seine où nous avons découvert plusieurs rapports établis entre 1941 & 1943 qui nous ont appris beaucoup sur le fonctionnement de ce camp de concentration français.
Nous avons également découvert des textes d’auteurs qui décrivent la déshumanisation qui se mettait en place dans ce camp de concentration du Vernet d’Ariège. Notamment le récit d’Erwin Blumenfeld dans son livre, Jadis et daguerre, où il y raconte son arrivée en mai 1940 :
En plein jour, au milieu de la rue, nous fûmes contraints à nous déshabiller, et c’est nus comme des vers que nous prîmes position derrière nos affaires. Les habitants du Vernet allaient et venaient sans s’occuper de nous. Pendant que chacun était fouillé jusqu’à la prostate pour découvrir des trésors cachés, argent, armes ou drogues, une horde déguenillée de singes humains décharnés regagnait cahin-caha le camp au pas de course : des squelettes aux yeux caverneux issus du Triomphe de la Mort de Brueghel (on n’avait pas encore découvert l’Homme d’Auschwitz).
Tous ces travaux & toutes ces recherches nous confortent dans notre idée d’utiliser l’appellation sémantiquement & historiquement juste,
CAMP DE CONCENTRATION
pour désigner ces camps. Après la lecture du chapitre du livre d’Erwin Blumenfeld qui décrit ses conditions d’internement dans le camp de concentration du Vernet d’Ariège, je me dis, en tant que président de l’Amicale des Anciens Internés Politiques et Résistants du camp de concentration du Vernet d’Ariège, que je n’ai pas le droit d’édulcorer l’Histoire de France, je ne veux pas être accusé de négationnisme par les générations futures.
Puis une mauvaise nouvelle comme en 2018
La bâche du premier convoi de déportation parti le 25 juillet 1940 du camp de concentration du Vernet d'Ariège qui a été volée fin octobre 2018 a subi le même sort. Elle avait été réimprimée, refixée & sécurisée symboliquement par des cadenas sur le grillage de notre Espace Gare-Wagon. Cela n’a pas suffi. Cette fois on a découpé les œillets où étaient fixés les cadenas qui maintenaient la bâche sur le grillage. Cet acte, visant pour la seconde fois cette bâche, nous accable tout en nous laissant perplexes. Cette bâche comportait les fiches d'internement de 25 personnes déportées ainsi que le texte écrit en français où on pouvait lire l'histoire de ce convoi. Sur cet ensemble de quatorze bâches recto-verso figurent les fiches d’internement des 178 personnes déportées ce 25 juillet 1940 & quatre textes écrits en français, espagnol, anglais, allemand.
De nombreuses heures de travail ont été nécessaires pour réaliser cette fresque recto-verso de 70 mètres de long, qui rend hommage à tous ces déportés remis aux autorités allemandes. Sans parler du travail des élèves du lycée professionnel Guynemer de Toulouse qui les ont imprimées, de la manufacture des bâches de Saverdun qui a placé les œillets & du temps qu’il nous a été nécessaire pour leur fixation. Sans oublier le long travail aux Archives départementales de Foix pour finaliser cette liste ainsi que son coût financier.
Nous émettons l’hypothèse suivante : la personne qui a enlevé cette bâche ne veut pas qu’un nom y figure, pour des raisons qui lui sont propres. Nous lui demandons donc de prendre contact avec nous ou de nous laisser un message dans la boîte aux lettres de la mairie du Vernet d’Ariège par exemple ou en passant par une tierce personne, & qu’elle nous dise ce qui lui a fait par deux fois voler cette bâche. Nous sommes ouverts à la discussion. De toute façon, nous allons remplacer cette bâche d’une manière ou d’une autre. Nous ne pouvons pas abandonner. Autant le faire en bonne intelligence.
Nous lançons donc cet appel au dialogue & nous vous demandons de le relayer pour sortir de cette situation pénible pour tout le monde.
Je terminerai ce courrier/courriel sur une note positive. Une personne en visitant notre Espace-Gare-Wagon a retrouvé, sur la liste des enfants espagnols, le nom de son père alors âgé de 17 ans. Cette personne a été très émotionnée de voir écrit le nom de son père dans ce lieu chargé d’Histoire. Elle nous en a informés & a décidé d’adhérer à
notre Amicale. Cette découverte a été pour nous source de joie, car c’est ce que nous voulions que la petite histoire rencontre la grande Histoire...
Autre mauvaise nouvelle
Notre compte bancaire a été piraté, Nous en avons ouvert un autre. Si vous voulez effectuer un virement, contactez-nous & nous vous communiquerons par email nos nouvelles coordonnées bancaires.
Bonne Année 2020
Raymond Cubells
président de l’Amicale des Anciens Internés Politiques et Résistants du camp de concentration du Vernet d’Ariège